Faites-moi le plein!

- Le Blog [in]dispensable de GianHoi -

9 novembre 2011

0 Une pipe et l'addition

Comme lundi soir il n'y avait rien de transcendant à la télé (pas plus que les autres soirs tu me diras), j'ai regardé Complices en VOD, un très bon premier film que je n'avais pas vu à sa sortie en 2010. L'histoire sordide de Vincent (interprété par le trop choupinou Cyril Descours), jeune hétéro qui se loue à des hommes mariés via des sites de petites annonces. A un moment, il explique à sa petite amie qu'il couche avec ces hommes parce que ça leur donne du plaisir, mais que lui n'en prend pas parce qu'il fonctionne sur un mode purement mécanique (je sais bien qu'à 20 ans, tu bandes dès qu'on te dit bonjour, mais rester excité face à une personne, voire un corps qui te rebute, chapeau! Perso, avant que je ne me mette au garde-à-vous devant une fille, aussi bombasse soit-elle, t'as intérêt à me faire gober des pilules bleues par paquets de 12).
Toujours est-il que cette histoire m'a donné à réfléchir sur l'envie de me prostituer à mon tour le business que certains jeunes font de leur cul sur internet.


Figure-toi qu'en grattant un peu, je me suis rendu compte que je vivais dans le monde des Bisounours. Ou que j'étais vraiment has been. Ou que je réagissais comme un vieux con. Je me considère comme étant plutôt ouvert d'esprit, il en faut beaucoup pour me secouer, mais je t'avoue qu'il y a certaines évolutions dans les pratiques qui me laissent assez dubitatif.
Attention, je ne fais pas de mes observations une généralité, je ne juge personne (chacun fait ce qu'il veut avec son cul), je m'interroge simplement sur une certaine libéralisation des mœurs, une désacralisation du corps, et la distance prise avec ça.

Déjà, depuis 4-5 ans, on a vu une éclosion de nouveaux labels dans le X gay français. Il faut donc régulièrement trouver des "acteurs". Chaque studio a sur son site une rubrique "casting" que n'importe qui peut remplir. Il existe même des sites exclusivement réservés aux amateurs et semi-pro qui souhaitent faire leur trou dans le milieu (si j'ose dire). Tu as toutes tes chances si tu as autour de la vingtaine (en âge et en centimètres), ou si tu es capable de te faire déboiter sans même un froncement de sourcil.
J'ai été étonné par le nombre de candidats. Encore plus de voir ce qu'ils sont prêts à faire devant une caméra.
Si je peux comprendre le fantasme et/ou la curiosité, je ne peux m'empêcher de penser à "l'après". Ce qui est parfaitement assumé à 20 ans ne le sera peut-être plus à 30 ou 40, quand ton boss te sortira en pleine réunion marketing une jolie photo de toi, tout sourire, une bite dans chaque main et la tronche engluée.

Un autre moyen de se faire du fric avec son entrejambe, et éventuellement de se faire repérer par un studio, c'est de s'exhiber dans un show webcam. Au moins, l'avantage, c'est que seul ton ordi peut se choper une IST.

Rien de bien choquant à se tripoter la chipolata (ou plus) en étant seul ou accompagné. Sauf que le simple plan cam est devenu un vrai business. C'est le grand boum des plateformes qui mettent en relation des "modèles", comme ils se font appeler, avec des voyeurs, pour la plupart en plein désert amoureux, et prêts à payer une fortune pour voir un bout de quéquette. Même les porn-stars s'y mettent.
Le principe est simple: le "client" achète des jetons, qui selon le site, sont soit décomptés par minute passée en privé avec le modèle, soit donnés comme "pourboire" au modèle qui s'active au fur-et-à-mesure que sa cagnotte augmente. D'une façon ou d'une autre, plus le client sera généreux, plus le modèle ira loin, voire suivra les consignes du plus offrant. Le corps devient jouet, et l'homme objet.
Évidemment, le grand gagnant reste le site qui facture au prix fort ces fameux jetons et qui reverse au modèle une somme dérisoire par jeton gagné. Pour que cela soit rentable, il faut être très présent et avoir beaucoup de succès (forcément, plus t'es jeune et bien foutu/bien monté, plus tu vas te faire de pognon - y a pas de justice).
Même si le modèle reste maître de son emploi du temps et de son show, on est clairement sur un schéma de prostitution virtuelle.

Et de la prostitution virtuelle à la prostitution réelle, il n'y a qu'un pas qui est apparemment devenu très fashion de franchir. On te fournit même les outils.

Je suis resté abasourdi en voyant que deux sites de rencontres gays proposent une rubrique "escort", avec fiche ultra-détaillée des services proposés, photos, mensurations, tarifs (à l'heure ou pour la nuit), lieux de rencontre privilégiés et commentaires des clients généralement plus que satisfaits!!!
Sur l'un d'eux, on dénombre 3260 inscrits dans l’Hexagone (dont 50 dans ma propre ville!). En moyenne, l'heure est facturée 150€ et la nuit 800€. La plupart n'ont pas fixé de limite d'âge. Je serais presque admiratif car il faut du mérite pour accepter de s'envoyer en l'air avec de vieux libidineux bedonnants. Ou beaucoup aimer l'argent. Ou avoir beaucoup de besoins. Ou les deux.
Cerise sur le gâteau, il existe aussi des sites entièrement dédiés aux escorts français.

Comment ces sites peuvent-ils proposer un tel service, alors que la loi française sanctionne de 7 ans d'emprisonnement et de 150.000 euros d'amende, le fait de "faire office d'intermédiaire entre deux personnes dont l'une se livre à la prostitution et l'autre exploite ou rémunère la prostitution d'autrui." (article 225-6)?
Simplement parce qu'ils sont protégés par les lois beaucoup plus permissives des pays qui les hébergent. À savoir les Pays-Bas pour la majorité d'entre eux.

Le cyber-proxénétisme a encore de beaux jours devant lui.


Je n'ai volontairement donné le nom d'aucun site. Il est très facile de les trouver. Je vais déjà attirer suffisamment d'excités avec le sujet de ce post!



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